Agora des Jeunes Communistes
Melun Val de Seine

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Dossier sur les bords de seine (10/2012)

Pour dĂ©buter cette enquĂȘte sur les bords de Seine, je pars rendre visite Ă  Serge Dubief . Il habite sur l'une des pĂ©niches du Quai Voltaire depuis prĂšs de 30 ans. Il lutte, avec ses camarades pĂ©nichards, pour la sauvegarde de l'environnement Ils aiment l'eau, ils aiment la Seine et ils aiment les Quais de Seine. Totalement investis dans la vie associative de Dammarie- les-lys, militants associatifs, citoyens intĂ©grĂ©s et actifs, ils dĂ©plorent profondĂ©ment la tournure que prennent les projets d'amĂ©lioration Ă©conomique du Maire. Sur ce sujet, en 2008, pour ce qui les concerne, le Maire a refusĂ© de continuer Ă  donner son accord pour que les pĂ©niches conservent le droit de stationner dans leur commune. Jean-Claude Mignon a Ă©tĂ© un des trĂšs rares maires Ă  refuser les pĂ©niches dans sa ville, alors que celles-ci ont plusieurs quais construits Ă  leur disposition! Le combat qu'ils ont menĂ© pendant 3 ans pour ĂȘtre reconnus comme citoyens Ă  part entiĂšre a connu une fin heureuse, et je vous invite Ă  la dĂ©couvrir en allant sur leur site : Les-peniches-de-Dammarie.over-blog.com Aujourd'hui, c'est un autre problĂšme qui inquiĂšte Serge Dubief, un problĂšme con- cernant tous les Dammariens : Le chemin de halage, devenu une voie de circula- tion rapide le long de la Seine.

A.D -Comment avez-vous vécu la transformation du chemin de halage lon- geant la Seine ?

S.D -TrĂšs, trĂšs mal : Ce chemin de halage a Ă©tĂ© transformĂ© « en douce », sans que personne ne soit mis au courant ( je me demande mĂȘme si le conseil municipal a Ă©tĂ© appelĂ© Ă  en dĂ©battre. Il faut le vĂ©rifier). Il n'y a eu aucune concertation, aucune information. Il a Ă©tĂ© transformĂ© de fait en autoroute. Du jour au lendemain, tous les utilisateurs (promeneurs, coureurs, pĂ©- cheurs etc..) ont Ă©tĂ© vĂ©ritablement interdits d'accĂšs . C'est devenu une dĂ©viation de l'avenue du Lys. Ce que je trouve insupportable, c'est de voir des familles, des randon- neurs, Ă  pied ou en vĂ©lo, rebrousser chemin de peur d'ĂȘtre renversĂ© par une voiture : Rien n'a Ă©tĂ© fait pour eux !

A.D - Avez-vous contacté le Maire pour lui signaler la réalité de ce qu'il se passe ici ?

S.D - Bien sĂ»r, je lui ai Ă©cris plusieurs lettres. D'abord il fait savoir qu'une voie sur berge est obligatoire pour dĂ©lester la cartonnerie en cas de problĂšme, puis il justifie le fait qu'elle soit en double voies parce qu'il y a des travaux sur l'avenue du Lys, et qu'elle sera rĂ©amĂ©nagĂ©e Ă  la fin des travaux. Maintenant que les travaux sont terminĂ©s, il dit qu'elle doit rester car elle joue un rĂŽle « trĂšs important en terme de sĂ©- curitĂ©, puisqu'elle permet l'accĂšs rapide des forces de police » ( sic). Il trouve toujours une excuse pour ne pas tenir ses engagements . Et il occulte totalement les arguments, rĂ©flĂ©chis, sensĂ©s, de ses administrĂ©s, qui veulent continuer Ă  prendre ce chemin, en sĂ©curitĂ© . Il ne comprend mĂȘme pas que mĂȘme pour les automobilistes, ce chemin est dangereux, car ils risquent de percuter un piĂ©ton ou un vĂ©lo, et ainsi devenir meurtrier.

AprĂšs avoir interviewĂ© Serge Dubief, je dĂ©cide de rentrer chez moi peaufiner un peu mon article. C'est ainsi que je me vois obliger, malgrĂ© l'insĂ©curitĂ© criante, d'emprunter en vĂ©lo la voie rapide longeant la Seine. Sur la route, je croise un pĂȘcheur rĂ©parant le ponton sur lequel il pĂȘche. Je m'arrĂȘte et j'entame avec lui une conversation sur les Quais de Seine. Voici ce qu'il me dit : « Les conditions dans lesquelles je pratique la pĂȘche sont insupportables. J'ai payĂ© mon permis de pĂȘche, et voilĂ  oĂč j'en suis aujourd'hui ! C'est super dangereux, il n'y a pas de place pour garer ma voiture. Je peux me faire renverser Ă  tout mo- ment ! Regardez comme les automobilistes roulent vite sur cette voie en plus ! Le cadre dans lequel je pĂȘchais et dans le- quel les gens venaient se promener a Ă©tĂ© totalement dĂ©tĂ©riorĂ© ! En plus de ça, ce sont tous les bords de Seine qui se sont dĂ©gradĂ©s. Ça devient de plus en plus sale ! » Je me rends compte alors qu'il y a un conflit important dans cette zone. JC Mignon semble rester sourd aux attentes des promeneurs, pĂȘcheurs et pĂ©nichards qui voient l'environnement des Quais de Seine se dĂ©grader.
Pour approfondir tout cela, le lendemain matin, je me rends chez GĂ©rard Dumaine. GĂ©rard Dumaine s'est installĂ© Ă  Dammarie au dĂ©but des annĂ©es 70. C'est un citoyen extrĂȘmement engagĂ© dans la vie de sa commune. Il est prĂ©sident de l'ESD-Judo Dam- marie, mais aussi de Melun Val-de-Seine Nature Environnement (MVNSE), associa- tion qui s'adresse en prioritĂ© Ă  tous les habitants de la communautĂ© d'agglomĂ©ration Melun Val de Seine. Cette association est donc amenĂ©e Ă  s'informer, Ă©changer, rĂ©flĂ©chir, proposer et agir Ă  l'Ă©chelle d'un bassin de vie Ă©largi Ă  l’échelle d'une communautĂ© d’agglomĂ©ration. C'est en sa qualitĂ© de prĂ©sident de MVNSE que je vais l'interviewer, mais aussi en sa qualitĂ© de citoyen dammarien, vivant prĂšs des bords de Seine, et ayant vu Ă©voluer son quartier.

A.D - AprĂšs avoir interviewĂ© un pĂ©nichard et un pĂȘcheur, je me suis rendu compte que cette voie rapide longeant la Seine, le che- min de halage, Ă©tait un vĂ©ritable problĂšme.

G.D - Oui, c'est une catastrophe! D'abord il suffit de consulter quelques archives pour se rendre compte que le bord de Seine aurait pu ĂȘtre une zone naturelle et biologique protĂ©gĂ©e, comme par exemple le MalĂ©cot Ă  Boissises le Roi Ă  quelques pas d'ici. Seulement voilĂ , le dĂ©veloppe- ment de notre ville fut toute autre : voie ferrĂ©e, industries lourdes, de nombreuses carriĂšres nous laissent aujourd'hui une friche industrielle particuliĂšrement polluĂ©e. Seulement en dĂ©pit de ces plaies, ces der- niĂšres annĂ©es le bord de Seine Ă©tait devenu un endroit certes dĂ©laissĂ© mais paradoxalement protĂ©gĂ©. En 2008, la viabilisation du bord de Seine d'un cĂŽtĂ©, et de l'autre, la construction de l'incinĂ©rateur de boue (site classĂ© I ) au pied du chĂąteau de Vives Eaux ouvrent une nouvelle Ăšre. IncinĂ©rateur et viabilisation du chemin de halage furent dĂ©cidĂ©s par la CommunautĂ© d'agglomĂ©ration Melun Val-de-Seine (CAMVS). A l'Ă©poque, c'Ă©tait Jean-Claude Mignon qui en Ă©tait le prĂ©sident. C’est dans l'Ă©tude d'impact soumis Ă  enquĂȘte publique en 2008 et rĂ©alisĂ©e avant la construction de la Cartonnerie, qu'il est demandĂ© de desservir le complexe de loisirs «la Cartonnerie » par une troisiĂšme voie : Cette troisiĂšme voie, c'est le chemin de halage qui, avec la rue LĂ©o La- grange seront ainsi ouverts Ă  la circulation. Mais, cette voie rapide longeant la Seine est tout simplement illĂ©gale ! Pour le moins, on constate que l'ouverture Ă  la circulation du chemin de halage n'est pas conforme au PLU de Dammarie les Lys, document d'urbanisme qui aurait du ĂȘtre modifiĂ© en la circonstance. En second lieu, l'article L228-2 du code l'environ- nement (loi Laure) prĂ©voit obligatoirement un amĂ©nagement cyclable Ă  l'occasion de la rĂ©alisation de la nouvelle voie ur- baine. Or aujourd'hui, ainsi viabilisĂ© et amĂ©nagĂ©, le chemin de Halage est totalement rĂ©servĂ© aux vĂ©hicules Ă  moteur et tout autre usager qui s'y engage se met en danger. D'ailleurs, mĂȘme la zone 30 qui y avait Ă©tĂ© instaurĂ©e, a Ă©tĂ© invalidĂ©e par la DDT et la vitesse limite, relevĂ©e Ă  50km/h par le Maire. Aujourd'hui sur cette voie longue de 3 kilomĂštres transitent quoti- diennement + de 2500 vĂ©hicules ! Le chemin est devenu «naturellement » une voie sur Berge. C’est une nouvelle dĂ©riva- tion de la RD372, route dĂ©partementale oĂč par ailleurs le nombre de feux tricolores ne cesse de croĂźtre. Ce que nous propo- sons, c'est de sortir de cette situation dite « provisoire » par le Maire et la CAMVS et de trouver un compromis avec tout le monde, y compris les vĂ©hicules, pour rendre ce chemin sĂ©curisĂ© et agrĂ©able pour tous.

A.D - Ce chemin de halage est donc complÚtement lié à La Cartonnerie alors ?

G.D - A l'origine totalement ! On pensait que le week-end, beaucoup de monde viendrait à La Cartonnerie. Finalement en dehors du Samedi soir et de quelques rares occasions, on constate que le vaste parking est modestement rempli. D'ailleurs le Maire a accepté de fermer la voie sur Berge le Dimanche pour la rendre aux piétons. Mais en semaine, le trafic quotidien qui s'est installé entre Melun et Dammarie Sud, passe maintenant paradoxalement par le parking de la Cartonnerie. Or la route qui traverse le parking est un domaine privé! Mais aujourd'hui CAMVS et Dammarie les Lys s'accordent pour dire que la viabilisation du chemin de halage est ouverte provisoirement et sera modifiée dans le cadre d'aménagement du clos Saint Louis

A.D - A ce propos parlons de la Cartonnerie un peu, vue qu'elle aussi est au bord de Seine :

G.D - La Cartonnerie est gĂ©rĂ©e par un syndicat (AFUL). Dans ce syndicat, nous trouvons la CAMVS, La Mairie et BDM (un amĂ©nageur privĂ©). Par l'intermĂ©diaire de cette AFUL, les frais gĂ©nĂ©raux de fonctionnement de la Cartonnerie sont ainsi re- partis entre ces 3 entitĂ©s. Mais par ailleurs, il faut aussi savoir que par exemple, le budget de la patinoire est Ă©quilibrĂ© par une subvention de la CAMVS de quelques 200 000€ ! On connait aussi que trĂšs approximativement le coĂ»t d'acquisition ou d'amĂ©nagement de la salle Pierre Bachelet, et rien Ă  ce jour Ă  propos de ses futurs coĂ»ts de fonctionnement. Au niveau mu- nicipal ou Communautaire, rares sont les dĂ©libĂ©rations qui abordent ces aspects de fonctionnement ou financiers. Quant au parc T'y Bamboo, ou du nouveau laser game ...ce sont des projets qui sont venus sans aucune nouvelle concertation ou Ă©tude d'impact ! L'intĂ©gration dans l'AFUL de ces nouvelles activitĂ©s ne semble pas ĂȘtre directe et passerait par BDM. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'intĂ©rĂȘt ou la complĂ©mentaritĂ© de ces multiples attractions. A nos yeux, elles ne contri- buent pas Ă  donner une cohĂ©rence Ă  ce complexe de loisirs bien au contraire. Mais par contre, elles sont sources de trĂšs fortes nuisances vis Ă  vis de riverains.

A.D - La Cartonnerie ferait-elle partie du Clos St Louis ?

G.D - Depuis bientĂŽt 10 ans on nous dit que le Clos St Louis c'est pour demain. Sauf que les terrains sont d'abord extrĂȘme- ment contaminĂ©s par l’amiante ou par des scories. Ensuite, Ă  l'exception de quelques parcelles, l'acquisition fonciĂšre de ces terrains n'est pas encore rĂ©alisĂ©e et ne pourra ĂȘtre effective que si les propriĂ©taires acceptent de vendre. Des conditions financiĂšres de ces opĂ©rations dĂ©pendra le nombre de logements. L'amĂ©nagement du clos Saint Louis est de la compĂ©tence communautaire et en dĂ©pit des dĂ©mentis rĂ©cents de notre maire, le chiffre de 4 000 logements reste celui prĂ©vu par les plans de dĂ©veloppement au niveau CAMVS. La CommunautĂ© d'agglomĂ©ration prĂ©voit prochainement une population sur Dammarie de 30 000 habitants (en 2025) (contre dĂ©jĂ  prĂšs de 23 000 aujourd'hui). Comment ces nouveaux habitants vont- ils se dĂ©placer, oĂč vont-ils travailler ? La voie ferrĂ©e passe en effet en plein milieu du Clos St Louis, et ce nouveau quartier, pris entre Seine et voie ferrĂ©e devra ĂȘtre dĂ©senclavĂ©. En raison de toutes ces contingences, le projet du clos Saint Louis reste Ă  « imaginer » ; La CAMVS vient d'ailleurs de dĂ©signer le cabinet d'architecte en charge de rĂ©aliser un plan d'amĂ©na- gement de ce futur quartier. En tant qu’association, nous avons demandĂ© Ă  ĂȘtre consultĂ© sur ce projet. Mais de constater que la rĂ©alisation du Clos St Louis est projet d'ordre pluri dĂ©cennal, et rend d'autant plus inacceptable le caractĂšre provi- soire sous lequel la voie sur berge a Ă©tĂ© ouverte.

C'est ainsi que se termine mon enquĂȘte sur les bords de Seine. Pour plus de dĂ©tails, je vous invite Ă  consulter ce site : http://mvsne.monsite-orange.fr/ .Ce qui est frappant ici, c'est la non-maĂźtrise de la mairie vis-Ă -vis de la politique de la ville. Je vous invite donc tous Ă  entrer dans le dĂ©bat public, Ă  enquĂȘter, Ă  rencontrer et Ă  dĂ©noncer quand il est nĂ©cessaire de le faire. Ici nous voyons clairement que sous notre nez, des choses nous ont Ă©tĂ© cachĂ©es. Pour le prochain numĂ©ro, une nou- velle enquĂȘte : une nouvelle dĂ©couverte !