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Signez la lettre ouverte :
Monsieur le Ministre de la culture et de la communication,
A l'occasion de votre visite à Dammarie-lès-Lys, nous nous permettons de vous interpeler sur une décision prise par les élus locaux ayant altéré le dynamisme culturel du sud de la Seine-et-Marne.
En effet, pendant 21 ans, la ville de Melun a accueilli un des plus grands festivals d'Ile-de-France, Le Bruit de Melun. Cet évènement était devenu une manifestation majeure mobilisant énormément d'énergie mais aussi d'enthousiasme pour l'ensemble de la population environnante. Plus qu'un simple évènement culturel, le Bruit de Melun réunissant 12000 personnes chaque année était une tradition, une coutume locale, une habitude annuelle ouvrant merveilleusement bien l'été.
Ce festival avait plusieurs vocations. La première et la plus importante était de permettre à la population du Sud de l'Ile-de-France d'avoir accès à des concerts de qualité, de découvrir sur scène des artistes de renommée nationale et même parfois internationale (Parmi lesquels : Louise Attaque, Bénabar, Amadou et Mariam, Cali, -M-, .). Le Bruit de Melun fut une de ces manifestations qui anima la banlieue parisienne, permettant son désenclavement. La seconde vocation du Bruit de Melun était de permettre à des groupes locaux de se produire sur scène. Mais bien plus qu'un festival musical, Le Bruit de Melun était le théâtre d'une véritable effervescence artistique et culturelle avec la présence de nombreuses associations caritatives, d'artistes graffeurs, d'expositions en tous genres...
Ce moteur de l'activité culturelle était devenu un lieu de rendez-vous emblématique pour l'ensemble des seine-et-marnais qui connurent en 2008 la dernière édition du Bruit de Melun marquant la fin d'une histoire. Le Bruit de Melun fût arrêté en raison de la suppression de la subvention qui le faisait vivre, une subvention de l'agglomération melunaise de 382 000 euros. D'ailleurs, le Bruit de Melun ne fût pas la seule victime des réductions de subventions de l'agglomération Melun Val de Seine. Chaque année a lieu un autre évènement musical à l'initiative du centre des Musiques Didier Lockwood, Les Violons croisés. Le concert se déroule devant un public de 1300 personnes. Didier Lockwood se réjouissait du fait que cette manifestation soit à la fois « populaire et élitiste ». L'agglomération Melun Val de Seine a cessé de financer ce projet, tout comme celui du Bruit de Melun.
L'année 2008, nous le savons, est le début d'une crise économique sans précédent. Nous avons conscience que nous vivons à une époque où, à en croire les médias et les politiques, il faut « se serrer la ceinture ». Et bien contraints, nous le faisons tous. Alors, imaginez la colère qui a envahi toutes les personnes qui fréquentaient le Bruit de Melun, lorsqu'un projet commercial a été financé en partie par l'agglomération melunaise. Il s'agit d'un centre commercial dédié aux loisirs appelé la Cartonnerie se trouvant à Dammarie-lès-Lys.
Nous sommes navrés de constater que la culture est mise à mal pour des raisons purement économiques, que le commerce et l'appât du gain justifient le recul des financements publics destinés à la culture. Pourtant la France a toujours défendu l'idée que la culture doit être protégée vis-à-vis des aléas du marché économique.
Monsieur le Ministre de la culture et de communication, nous avons conscience de la difficulté de votre tâche, et en tant que groupement de jeunes nous vous sommes reconnaissants d'avoir organisé la gratuité des musées. En revanche, la politique de réduction budgétaire que défend le gouvernement auquel vous appartenez est dangereuse lorsqu'elle s'applique au domaine de la culture et de l'éducation. La révision générale des politiques publiques prévoit un transfert de compétences en vers les collectivités territoriales qui serait très honorable si les moyens matériels étaient donnés à ces collectivités pour remplir leurs tâches. Ce transfert sans moyens creuse les inégalités, les collectivités territoriales ne disposant pas des mêmes ressources. Nous vous demandons de défendre au mieux l'accès à la culture pour tous, et sans inégalité d'ici la fin de votre mandat. Nous espérons, dans les années à venir, voir à nouveau des projets tels que le Bruit de Melun fleurir en banlieue. Et pour se faire, nous souhaitons que vous débloquiez des fonds pour voir renaître ce festival, ou des manifestations équivalentes. Nous comptons sur vous pour redonner à la culture son importance.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de nos sentiments respectueux.
Margot Cimic et Joanna Quiros pour l'agora des jeunes communistes de Seine-et-Marne